LE TRAUMATISME CRÂNIEN : UN HANDICAP INVISIBLE

L'incidence d'un traumatisme crânien ou crânio-encéphalique en France est d'environ 200 cas pour 100 000 habitants, soit environ 120 000 victimes par an. 

Malgré la baisse de l'accidentologie routière au cours de la dernière décennie, les accidents de la voie publique constituent en France la première cause de traumatismes crâniens, suivie de l'accident domestique et sportif puis de l'agression.

Les principales lésions sont provoquées :
  •  soit par un impact crânien lorsque la tête heurte un objet ou est heurtée par un objet. Une onde de choc se propage et traverse les différentes couches du cerveau (os crânien, méninges : la dure-mère, l'arachnoïde et la pie-mère). On parle alors de lésions focales, au point d'impact. 
  • soit par un mouvement d'accélération et de décélération de la tête, fréquent lors d'un accident de la voie publique en deux roues, par exemple, qui entraîne des cisaillements et des étirements des axones, les fibres nerveuses qui permettent de transmettre les signaux électriques entre les neurones. On parle alors de lésions diffuses et multifocales.

Dans la pratique, plusieurs niveaux de gravité sont retenus. 

Le degré d'atteinte de la conscience, évalué grâce à l'Echelle de Glasgow (de 3 à 15) fixe le degré de gravité du traumatisme crânien : 
 
- traumatisme crânien grave : Glasgow égal ou inférieur à 8,
- traumatisme crânien modéré : Glasgow compris entre 9 et 12,
- traumatisme crânien léger : Glasgow compris entre 13 et 15. 

L'Echelle de Glasgow prend en compte trois critères : l'ouverture des yeux, la réponse verbale et la réponse motrice. 
La durée de l'éventuelle perte de connaissance et/ou de l'amnésie des faits traumatiques sont également des critères à prendre en compte. 

En matière de traumatisme crânien, il est primordial de retenir que chaque lésion est unique, chaque victime est unique, chaque situation est unique.

Une personne victime d'un traumatisme crânien peut subir des séquelles de différentes natures:
  • des séquelles physiques liées à des troubles de la motricité, de la déglutition, des troubles sensoriels, des troubles digestifs ...
  •  mais également des séquelles cognitives complexes qui constituent ce que l'on appelle un handicap invisible. 

La spécificité du traumatisme crânien réside dans la reconnaissance et la prise en charge de ces séquelles invisibles. 

Ces séquelles cognitives ont des répercussions dans la vie quotidienne de la victime. Elles touchent principalement : 
 
  • la mémoire : qui est l'aptitude qui nous permet d'enregistrer des informations et de les réutiliser. Il existe plusieurs types de mémoire : la mémoire de travail, la mémoire épisodique, la mémoire sémantique... Les troubles mnésiques ont des répercussions importantes dans la vie quotidienne (difficultés pour retrouver des objets usuels, des noms de personnes, pour suivre un traitement...) et dans la vie professionnelle (difficultés pour organiser et exprimer sa pensée, difficultés pour se rendre à un rendez-vous...) 
  • l'attention  : une personne victime d'une cérébro-lésion peut rencontrer des difficultés pour se concentrer, ne pas arriver à faire deux choses en même temps, ne pas arriver à suivre une conversation lorsqu'il y a plusieurs personnes. Cela entraîne nécessairement une fatigabilité accrue et un isolement. 
  • les fonctions exécutives : une personne victime d'une cérébro-lésion peut être confrontée à des difficultés de gestion des taches nouvelles ou inhabituelles, par exemple, trouver un nouvel itinéraire suite à des travaux gênant la circulation.
  • les fonctions instrumentales : telles que les troubles du langage, de la communication, la perturbation des gestes (par exemple, la difficulté pour se vêtir, se laver, mettre une lettre dans une enveloppe..), les troubles de la reconnaissance ( par exemple, l'incapacité de reconnaître un objet en le touchant, en le voyant).

Une personne victime d'un traumatisme crânien peut également subir des troubles du comportement, l'entourage de la victime constate alors un changement de comportement par rapport à avant à l'accident, la personne est devenue agressive, apathique, d'humeur dépressive...

Il se peut que la personne soit également désinhibée verbalement ( avoir un langage grossier, inadapté) ou avoir un comportement inadapté ( rire dans des contextes inadaptés, mettre les pieds sur la table..).
 
La situation est d'autant plus complexe lorsque la victime elle-même n'a pas conscience de ses difficultés, on parle alors d'anosognosie

L'ensemble de ces troubles, s'ils ne sont pas reconnus et pris en charge, peuvent conduire à l'isolement de la victime mais également de ses proches. 
 
Il est par conséquent primordial que la personne victime d'un traumatisme crânien ainsi que sa famille soient écoutées, accompagnées et soutenues par une équipe pluri-disciplinaire spécialisée. 

L'avocat aura pour rôle de conseiller, d'informer, de guider les familles au quotidien et d'obtenir in fine une indemnisation intégrale de l'ensemble des préjudices subis par la victime et par son entourage. 
 
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